Chers frères et sœurs,

 

J’écris ces lignes alors que les élections européennes viennent de se terminer, et que le président de la République a dissous l’Assemblée nationale et convoqué des élections législatives. La situation politique est ainsi devenue soudainement très instable, et personne ne peut vraiment dire comment vont se passer les semaines à venir. Les Jeux olympiques eux-mêmes, qui annonçaient comme un air de légèreté et promettaient un temps d’entente nationale autour de nos champions, ne réussiront peut-être pas à nous rassembler dans une communion joyeuse. Bref, le souci, tout à fait légitime, pour l’avenir de notre pays, l’inquiétude peut-être, voire l’angoisse chez certains d’entre nous, semblent dessiner l’horizon immédiat de notre été. Étranges vacances d’été, ces mois de juillet et d’août 2024, avec un grand risque de mécontentements, de colères, ou même de révoltes ou d’émeutes, dans les cœurs, dans les rues peut-être.

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Je me suis rappelé à cette occasion une vieille chanson de Guy Béart, en 1967, le Grand chambardement, en forme d'avertissement sur la prise de pouvoir des technologies sur les hommes, les conduisant à leur perte. Guy Béart choisissait ainsi la dérision pour exorciser la peur d’une guerre nucléaire.

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C’est la grande escalade

Les monts en marmelade

Sous le rayonnement

Du grand du grand

Sous le rayonnement

Du grand chambardement.

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Je me suis demandé si, dans une période de bouleversement, de chamboulement, de… chambardement, comme celle qui semble bien s’annoncer, ce ne sont pas les poètes qui nous seront les plus précieux pour nous aider à traverser nos peurs, aussi légitimes soient-elles. Les poètes et les saints, qui nous aident à rester humains, tout simplement. Guy Béart restait humain en prenant le parti de rire de ses propres peurs.

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Car je crois que c’est bien de cela qu’il s’agit, en période troublée : rester humains, avec une confiance indéracinable en l’avenir malgré tous les nuages qui peuvent bien s’accumuler, une confiance qui nous autorise à sourire encore quand les orages menacent.

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Finalement, il convient sans cesse de chasser les oiseaux de mauvais augure qui voudraient nous écraser sous un ciel de prophéties catastrophiques. Il convient toujours de nier l’existence d’un destin implacable, inévitable et désespérant. Avec sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, il faut oser dire : « C’est la Confiance et rien que la confiance qui doit nous conduire à l’Amour. »

Car qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? Qui pourra nous détourner de l’espérance ouverte par les promesses de Dieu et signée, dans le sang du Christ, par sa résurrection glorieuse ?

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Le croyant relève la tête, il résiste au découragement et à l’angoisse. Il continue à espérer de ses frères les hommes, car il a mis sa confiance en Dieu qui reste avec nous tous les jours jusqu’à la fin du monde et dont l’Esprit Saint travaille les cœurs de chacun. « Ayez confiance ! J’ai vaincu le monde ! »

 

fr. Rémi Chéno, o.p.
Modérateur de la paroisse